Pourquoi certains logiciels s’imposent naturellement ?
Ou 3 biais cognitifs qui influencent nos choix
Salut 👋
Bienvenue dans cette nouvelle édition des vieux pots de la tech ! Que vous soyez là depuis la première édition ou que vous veniez tout juste de rejoindre l’aventure, merci de me lire.
C’est parti !

Au programme
L’adhésion instantanée
Biais 1 : L’effet IKEA
Biais 2 : L’effet de primauté
Biais 3 : Le biais d’engagement
Conclusion
Je suis sûr que vous avez déjà vécu ça.
Un nouvel outil arrive. Tout le monde est enthousiaste.On l’installe, on suit la formation…
Quelques semaines plus tard ? Plus personne ne l’utilise vraiment.
À l’inverse, certains logiciels deviennent des réflexes : dès qu’on les découvre, on ne peut plus s’en passer.
Pourquoi ?
On pourrait croire que c’est une question d’ergonomie ou de fonctionnalités.
Mais en réalité, ce sont des mécanismes psychologiques qui font toute la différence.
Dans cette newsletter, on décrypte 3 biais psychologiques à exploiter pour rendre un logiciel incontournable.
Biais 1 : L’effet IKEA
L’effet IKEA, c’est le fait d’accorder plus de valeur à quelque chose lorsqu’on a contribué à le créer.
Si vous avez déjà monté un meuble IKEA, vous savez ce que ça fait.
Une fois terminé, il a l’air plus solide. Plus précieux.
Même si le montage a été une galère, impossible de s’en séparer aussi facilement qu’un meuble qu’on aurait simplement acheté tout fait.
Cet effet s’applique aussi aux logiciels.
Un outil que l’on peut façonner à sa manière nous semble plus utile, plus adapté… et donc plus difficile à abandonner.
Comment en tirer parti ?
1) Laisser l’utilisateur configurer l’outil lui-même
Si chacun peut organiser son espace de travail comme il l’entend, l’adoption est bien plus naturelle.
→ Dans Notion, l’interface propose une page blanche et laisse l’utilisateur créer sa propre organisation.
→ Dans Trello, la première action est de nommer son tableau et de définir ses colonnes.
2) Encourager la modification dès les premiers usages
Créer une interface qui amène naturellement l’utilisateur à modifier quelque chose dès les premières secondes.
→ Dans Google Docs, le curseur est prêt à écrire dès l’ouverture du document.
→ Dans Canva, l’interface pousse à modifier un template existant plutôt que de partir de zéro.
3) Montrer l’outil en action plutôt que d’expliquer ses fonctionnalités
Donner envie d’expérimenter en montrant des cas d’usage concrets plutôt qu’en détaillant chaque fonctionnalité.
→ Dans Figma, l’utilisateur accède directement à un fichier modifiable.
→ Dans Notion, les modèles partagés par d’autres utilisateurs servent d’exemples concrets à adapter à son propre besoin.
Quand l’interface favorise l’action immédiate, l’adoption se fait naturellement, sans effort ni formation lourde.
Biais 2 : L’effet de primauté
Ce que l’on découvre en premier influence tout le reste, c’est l’effet de primauté.
Imaginez que vous arrivez dans un hôtel.
Si l’accueil est chaleureux, le hall élégant et votre chambre impeccable, vous allez passer un bon séjour… même si le petit déjeuner laisse à désirer.
À l’inverse, si vous tombez sur un réceptionniste désagréable et un couloir lugubre, vous aurez du mal à vous débarrasser de cette première impression.
Dans un logiciel, c’est la même chose : les premières secondes façonnent toute l’expérience.
Comment en tirer parti ?
1) Soigner l’expérience des premières secondes
Dès qu’on découvre un outil, on se demande instinctivement : "Est-ce que ça va me faciliter la vie ?".
→ Dans Google Slides, un modèle de présentation est proposé dès l’ouverture pour éviter le syndrome de la page blanche.
→ Dans Spotify, un premier mix est suggéré dès l’inscription pour que l’utilisateur lance de la musique en un clic.
2) Réduire au maximum les frictions initiales
Si on demande trop d’efforts dès le départ, on perd du monde en route.
→ Dans Instagram, on peut scroller immédiatement avant même d’avoir créé un compte.
→ Dans ChatGPT, la conversation démarre sans qu’on ait besoin de comprendre toutes les fonctionnalités.
3) Faire en sorte que la première action soit engageante
L’utilisateur doit ressentir un bénéfice immédiat dès son premier clic.
→ Dans Duolingo, on répond à une première question sans même s’en rendre compte.
→ Dans Trello, on glisse une première carte sur un tableau dès l’onboarding.
Quand la première expérience est fluide et engageante, on revient naturellement.
Biais 3 : Le biais d’engagement
C’est le phénomène qui nous pousse à poursuivre quelque chose dès lors qu’on y a déjà investi du temps ou des efforts.
Vous avez déjà commencé un livre moyen, mais vous avez continué parce que vous aviez déjà lu 200 pages ?
Ou terminé une série juste parce qu’il ne restait plus que deux épisodes ?
Plus on investit dans une activité, plus on a envie de continuer.
Et c’est pareil pour un logiciel : plus on l’utilise dès le départ, plus on s’y attache.
Comment en tirer parti ?
1) Encourager une action immédiate
L’utilisateur doit sentir qu’il a déjà avancé après quelques secondes d’utilisation.
→ Dans LinkedIn, on vous demande d’ajouter des contacts dès la création du compte.
→ Dans Duolingo, on commence une première leçon sans avoir à naviguer dans les menus.
2) Rendre visible la progression
Afficher des étapes claires renforce l’envie d’aller plus loin.
→ Dans Asana, une checklist d’onboarding motive à compléter les premières étapes.
→ Dans les MOOCs (type Coursera, Udemy), une barre de progression donne envie de terminer un cours commencé.
3) Valoriser chaque interaction
Faire en sorte que chaque action, même minime, donne un sentiment d’accomplissement.
→ Dans Strava, chaque course est immédiatement analysée et mise en avant.
→ Dans Slack, chaque premier message envoyé déclenche un retour positif (émoticône de bienvenue, message automatique encourageant).
Quand on a déjà investi du temps dans un outil, on a naturellement envie de continuer à l’utiliser.
Conclusion
Un bon logiciel ne s’impose pas, il s’adopte.
Mais ce qui est fascinant, c’est que ce processus d’adoption est rarement conscient.
On pense choisir un outil parce qu’il est plus performant, plus intuitif… alors qu’en réalité, c’est souvent parce qu’il déclenche en nous ces biais cognitifs, presque à notre insu.
C’est pour ça que certains logiciels s’imposent naturellement, et que d’autres, même plus complets, finissent oubliés.
Alors la prochaine fois qu’un outil devient indispensable dans votre quotidien, posez-vous cette question : est-ce vraiment une question de fonctionnalités… ou d’attachement psychologique ?
Et souvenez-vous : c’est avec les vieux pots qu’on fait la meilleure tech !
Stéphane